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Halte aux antibiotiques

POURQUOI LES BACTÉRIES DÉVELOPPENT-ELLES UNE RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES ?

Même pendant les premières phases de l’élaboration des antibiotiques, on savait que certaines bactéries pouvaient survivre et se multiplier en présence d’antibiotiques. Ces bactéries avaient développé une résistance aux effets des antibiotiques.

En 1945, lors d’un entretien pour le New-York Times, Alexandre Fleming mettait en garde contre les abus de pénicilline qui pouvait entraîner la sélection et la multiplication de formes mutantes de bactéries résistantes. Il avait également prédit que ce problème de résistance s’aggraverait si on administrait la pénicilline par voie orale, si on prescrivait des doses inappropriées, si un traitement était interrompu, ou si les patients prenaient de la pénicilline trop longtemps.

Mais quelle est l’importance réelle de ce problème de résistance aux antibiotiques ?

Melbourne, Australie Au début des années 1980, à Melbourne, de nombreux hôpitaux furent touchés par une série d’infections qui résistaient à presque tous les antibiotiques. C’est le Staphylococcus aureus qui fut à l’origine de ces problèmes qui entraînèrent le décès de nombreux patients en milieu hospitalier.

Cette situation illustra de sérieux problèmes de résistance. Elle suscita de telles craintes parmi le personnel hospitalier que nombre d’entre eux portaient des masques sur leur lieu de travail. Ces bactéries résistaient non seulement aux antibiotiques, mais aussi aux antiseptiques, il était donc presque impossible de les tuer. Un seul antibiotique restait efficace, la vancomycine, un médicament cher et toxique. Les médecins n’avaient d’autre alternative que de l’utiliser. C’est ainsi que l’on parvint à maîtriser ces infections.

En mai 1996, un enfant de quatre ans fut admis dans un hôpital au Japon pour une opération à cœur ouvert. Après l’opération, l’enfant développa une infection à l’endroit de la blessure post-opératoire. L’infection avait été causée par le Staphylococcus aureus et quand on le testa en laboratoire, il s’avéra résistant à la vancomycine. On tira la sonnette d’alarme dans les milieux médicaux et scientifiques, et les départements de la santé publique commencèrent à paniquer. La résistance à la vancomycine avait fini par se produire. On avait toujours redouté ce phénomène.

Nous sommes désormais en présence d’une « super-bactérie ». A la stupéfaction de tous, l’enfant survécut à l’infection, les médecins avaient nettoyé la plaie quotidiennement et utilisé une combinaison de médicaments pour tuer les bactéries.

Ce scénario se produisit moins de cinquante ans après l’introduction des antibiotiques.

Plus récemment, dans des hôpitaux, aux Etats-Unis, on a découvert des souches de Staphylocoque présentant une résistance à la vancomycine. En mars 1998, dans un hôpital aux Etats-Unis, un patient âgé mourut d’une infection causée par un Staphylocoque qui présentait une résistance à la vancomycine.

Il est inutile de préciser que de tels cas se multiplieront dans les mois et les années à venir. Le ministère de la santé en a averti les médecins généralistes en leur demandant de faire davantage preuve de circonspection quand ils prescrivent des antibiotiques.

Mais il semblerait que tous les médecins généralistes ne prêtent pas attention à cette mise en garde. Nous vivons actuellement à l’époque de la « super-bactérie », et il est désormais de plus en plus risqué de se trouver dans un hôpital. Il est urgent de prendre conscience des méthodes alternatives dont nous disposons.

POURQUOI LES BACTÉRIES DÉVELOPPENT-ELLES UNE RÉSISTANCE ?

La résistance bactérienne aux antibiotiques n’est pas un phénomène nouveau. En réalité, elle a toujours existé conjointement aux bactéries elles-mêmes, mais à un degré moindre. Nous pouvons par exemple observer ce phénomène dans le sol, où les champignons et les bactéries coexistent. Néanmoins, cette coexistence n’a pas toujours lieu de manière paisible -en réalité, les champignons et les bactéries se combattent pour gagner davantage d’espace et de ressources. Dans les sols, les champignons se mesurent aux bactéries en produisant des antibiotiques.

A l’origine, on a isolé de nombreux antibiotiques à partir d’échantillons issus du sol et contenant des champignons. Pour survivre, les bactéries développent des moyens de se protéger contre ces antibiotiques naturels, elles développent une résistance. La résistance est donc un mécanisme naturel de survie.

Mais si ce phénomène de résistance aux antibiotiques a toujours existé, pourquoi a-t-il pris une telle ampleur ?

Et pourquoi est-il si dangereux ?

Les réponses à ces questions sont dans la manière dont nous avons conçu l’utilisation commerciale des antibiotiques. Nous les avons utilisés exagérément dans certains cas, et nous avons négligé leur utilisation dans d’autres cas.

Et dans d’autres circonstances, nous les avons utilisés d’une manière inadéquate. Nous en avons généralement abusé et en raison de cette mauvaise utilisation, nous encourageons le développement incessant de la résistance des bactéries.

La Nourriture pour les Animaux

Une étude irlandaise a montré que 70% des chiens présentaient une souche de E. Coli3 multi-résistante dans leurs matières fécales. Certaines bactéries présentes dans l’intestin de ces chiens résistaient à deux antibiotiques ou même davantage. Cela peut être également dû au fait que l’on ajoute des antibiotiques à la nourriture industrielle destinée aux chiens pour accélérer leur croissance.

Même de petites quantités d’antibiotiques encourageront le processus de résistance bactérienne. Les bactéries ont la faculté de développer une résistance à presque tous les médicaments auxquelles elles sont exposées. Cette résistance menace aujourd’hui notre capacité à traiter des infections, non seulement chez les humains, mais également chez les animaux.

L’utilisation des antibiotiques dans la nourriture des animaux, afin d’accélérer la croissance du bétail contribue grandement au développement continu de la résistance.

Les bactéries présentes dans les intestins des animaux vendus dans le commerce (le boeuf, le mouton, le cochon), tout comme ceux des animaux domestiques (chiens et chats) ne résistent pas seulement à un ou à deux antibiotiques, mais à plusieurs antibiotiques (phénomène de multi-résistance). La résistance aux antibiotiques est un problème mondial qui nécessite la coopération des gouvernements, des médecins, des pharmaciens, des vétérinaires, et des agriculteurs, ainsi que l’éducation du grand public.

Christine Labussière https://www.editionschristineclaire.com/produit/le-programme-morrison/

 

 

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